
Nous avons vu, dans des articles prĂ©cĂ©dents, l’importance et la diversitĂ© des Ăquipements de Protection Individuelle (EPI) qui existent de nos jours.
Le Code du travail (article R.4311-8) dĂ©finit les EPI comme Ă©tant « des dispositifs ou moyens destinĂ©s Ă ĂȘtre portĂ©s ou tenus par une personne en vue de la protĂ©ger contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa santĂ© ou sa sĂ©curité ».
Afin de rĂ©pondre aux normes et assurer la protection de tous, il existe de nombreuses lĂ©gislations propres Ă chaque catĂ©gorie de produits, concernant Ă la fois les employeurs, les salariĂ©s et les fabricants. Il en va de la responsabilitĂ© de tous d’ĂȘtre attentif et de respecter les rĂšgles qui ont Ă©tĂ© instaurĂ©es. Celles-ci peuvent d’ailleurs diffĂ©rer selon la catĂ©gorie du produit et la partie du corps qu’il protĂšge.
En effet, lorsque le salariĂ© s’expose Ă une activitĂ© professionnelle prĂ©sentant des risques (soudure, mĂ©tallurgie, chimie, btp, etc), il a pour obligation de s’Ă©quiper d’Ă©quipement de protection individuelle afin d’assurer sa sĂ©curitĂ©.
Quant Ă l’employeur, il doit s’assurer de l’utilisation de ces Ă©quipements de protection individuelle qu’il aura mis gratuitement Ă disposition de ses employĂ©s.
Concernant les Directives EuropĂ©ennes, des modifications ont eu lieu depuis le 21 avril 2018. En effet, la Directive Cadre 89/391/CEE a Ă©tĂ© remplacĂ©e par le RĂšglement n°2016/425. Celui-ci doit ĂȘtre respectĂ© Ă la fois par l’employeur et par les travailleurs.
Il a principalement été mis en place pour fortifier la sécurité et la santé des salariés sur leur lieu de travail. Il indique donc que :
- L’employeur doit mettre des Ă©quipements de protection individuelle Ă disposition gratuitement,
- Les salariĂ©s doivent systĂ©matiquement les porter lorsqu’ils travaillent,
- Des contrĂŽles de conformitĂ© des Ă©quipements doivent ĂȘtre effectuĂ©s rĂ©guliĂšrement.
Il existe également certaines restrictions au niveau national à travers plusieurs décrets :
- le décret 93-41 pour les travailleurs.
- les décrets 92-765, 92-766 et 92-768 pour les fabricants.
1. Les obligations de l’employeur
Si le salariĂ© doit respecter les consignes citĂ©es prĂ©cĂ©demment, l’employeur est quant Ă lui au coeur du dispositif de sĂ©curitĂ© en ce qui concerne la prĂ©vention des risques. Il joue donc un rĂŽle dĂ©terminant et possĂšde une forte responsabilitĂ© au niveau de la prĂ©vention des risques.
L’employeur prĂ©sente une double obligation :
- Il doit rĂ©aliser une analyse des risques potentiels et l’indiquer dans le Document Unique d’Ăvaluation des Risques Professionnels (DUERP)
- Il doit mettre en place de la prĂ©vention et donner les moyens Ă ses salariĂ©s d’utiliser leurs Ă©quipements de façon optimale et en toute sĂ©curitĂ© afin de supprimer tout danger.
De cette façon, il engage sa responsabilitĂ© dans la rĂ©alisation d’un plan d’actions diverses, en lien avec le RĂšglement 2016/425, vu prĂ©cĂ©demment. Pour rĂ©sumer, il doit procurer, analyser, contrĂŽler et renseigner, mais plus prĂ©cisĂ©ment :
- Mettre à disposition gratuitement les EPI adaptés pour chacun des employés,
- Confirmer le bon choix des EPI sur la base de lâanalyse des risques faite au prĂ©alable,
- Veiller Ă lâutilisation des EPI,
- ContrÎler la conformité des tenues,
- Documenter les personnes en charge de la mise en Ćuvre ou de la maintenance des Ă©quipements,
- Garantir le bon fonctionnement des EPI ainsi qu’une hygiĂšne optimale de ceux-ci,
- Avertir les utilisateurs de la diminution des risques en se protĂ©geant avec des EPI, des conditions de mise Ă disposition, d’utilisation ainsi que des instructions Ă suivre,
- Instruire et familiariser les employĂ©s au port de lâEPI
Si l’employeur en venait Ă ne pas respecter ces consignes, il pourrait ĂȘtre lourdement sanctionnĂ©, allant jusqu’Ă engager sa responsabilitĂ© civile et pĂ©nale, en fonction de l’importance du manquement Ă ses devoirs et des consĂ©quences de celui-ci.
- S’il n’y a pas d’accident : les articles L4741-1 et L4741-9 spĂ©cifient qu’une amende allant de 3 800⏠à 9 000âŹ, ainsi qu’un emprisonnement d’un an ou plus, sont possibles pour manque de sĂ©curitĂ© et d’hygiĂšne pour le salariĂ©.
- En cas d’accident par maladresse ou inadvertance de la part du salariĂ© qui ne dispose pas d’un Ă©quipement adaptĂ© : 2 ans de prison + une amende de 30 000⏠pour l’incapacitĂ© de travailler du salariĂ© et en cas de dĂ©cĂšs, l’amende monte Ă 3 ans de prison + 45 000âŹ.
- Si un accident survient pour manquement dĂ©libĂ©rĂ© : 1 Ă 3 ans de prison + une amende de 15 000⏠ou 45 000⏠pour l’incapacitĂ© de travailler du salariĂ© et en cas de dĂ©cĂšs, l’amende monte Ă 5 ans de prison + 75 000âŹ.
2. Les obligations du salarié
MĂȘme si beaucoup les estiment gĂȘnants et aimeraient pouvoir sans passer, les Ă©quipements de protection individuelle sont avant tout utilisĂ©s pour diminuer les dangers prĂ©sents dans le cadre du travail des salariĂ©s et de limiter les dĂ©gĂąts en cas de blessures, voire les Ă©viter complĂštement. L’omission d’EPI fait partie des premiĂšres causes d’accidents du travail.
Selon lâarticle L4122-1 du Code du travail, le travailleur a donc une obligation de sĂ©curitĂ©. Une fois l’Ă©quipement fourni, le travailleur doit :
- L’utiliser correctement,
- Porter l’Ă©quipement conformĂ©ment Ă sa fonction,
- En cas de danger potentiel (EPI dĂ©fectueux, insuffisant ou trop ancien), avertir son employeur. Pour cela, il doit vĂ©rifier l’Ă©tat de son Ă©quipement avant de l’utiliser.
Si ces consignes ne sont pas respectĂ©es, des sanctions peuvent ĂȘtre mise en place comme un avertissement, un licenciement pour faute grave voire une sanction pĂ©nale (perte d’indemnisation ou dĂ©lit pour blessure/homicide involontaire) en cas d’accident.
3. Les obligations du fabricant
Tout comme l’employeur et les salariĂ©s, le fabricant doit dans une dĂ©marche qualitĂ©, respecter le rĂšglement 2016/425 qui dĂ©termine les contraintes Ă respecter pour chaque catĂ©gorie d’EPI. On retrouve donc les rĂšgles suivantes :
- PrĂ©sence du marquage CE sur chacun des EPI. Il doit ĂȘtre visible, lisible et indĂ©lĂ©bile,
- Procurer une certification EPI qu’un organisme notifiĂ© aura dĂ©livrĂ©e, ainsi que la notice d’utilisation*,
- Indiquer les modifications Ă l’organisme en question,
- Accepter les contrĂŽles de production,
- Ăcrire la dĂ©claration de conformitĂ© des produits.
*La notice d’utilisation fait preuve du respect du fabricant envers ses obligations en termes de santĂ© et de sĂ©curitĂ©. Elle doit contenir : l’identification du fabricant, la catĂ©gorie de protection du produit, sa limite d’utilisation, les coordonnĂ©es de l’organisme notifiĂ©, comment entretenir le produit, comment le stocker, etc.
Certaines références sont également obligatoires. La norme ISO 13688 étant la référence des exigences générales.
- ISO 11612 : vĂȘtements de protection contre la chaleur et les flammes.
- ISO 11611 : vĂȘtements de protection pour la soudure et les techniques liĂ©s Ă ce domaine.
- EN 13034-6 : vĂȘtements de protection contre les produits chimiques notamment liquides.
- IEC 61482-2-1 : vĂȘtements de protection contre les dangers thermiques d’un arc Ă©lectrique.
- ISO 20471 : vĂȘtements de protection Ă haute visibilitĂ©.
- EN 14404 : vĂȘtements de protection des genoux et de tout travail supposant d’ĂȘtre Ă genoux.
4. Location d’EPI
Dans certains cas, il est possible d’utiliser des Ă©quipements de protection d’occasion. Mais comme pour les Ă©quipements neufs, il y a certaines rĂšgles Ă respecter :
- Il est nĂ©cessaire de mettre en place des consignes par rapport aux mesures d’hygiĂšne, de dĂ©sinfection et de maintien de conformitĂ© du produit empruntĂ©,
- La présence de marquages est obligatoire,
- Pour chaque EPI, une fiche de gestion permettant d’assurer la traçabilitĂ© du produit avec identification et caractĂ©ristiques du produit, la notice du fabriquant, la date d’achat/mise en service ou celle de fin d’utilisation suite au vieillissement de l’Ă©quipement.